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Le Japon, l’île des enfants perdus

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Le Japon, l’île des enfants perdus Empty Le Japon, l’île des enfants perdus

Message par Passerelle Japon Mer 16 Jan - 18:05

Publié 1 septembre 2007
Une précarité croissante frappe la jeunesse nippone. Voués aux petits boulots, à l’impossibilité de se loger et à l’absence de perspectives, ces largués de la reprise se réfugient dans les cafés Internet

source : Le Monde du 10.08.07 & http://diversfaits.wordpress.com/2007/09/page/2/

Le Japon, l’île des enfants perdus Japon
Métro de Tokyo ©Aurélien Valette

Souvent d’un confort feutré avec leurs spacieuses bibliothèques de mangas et de DVD, leurs box au fauteuil moelleux séparés par de minces cloisons à mi-hauteur et leurs distributeurs de boissons, sandwichs ou bols de nouilles instantanées, les cafés Internet qui fonctionnent 24 heures sur 24 sont les nouveaux repaires des jeunes Japonais.

La plupart viennent pour surfer sur le Web, d’autres pour tuer le temps, regarder la télévision ou se reposer dans la pénombre d’un lieu confortable, loin du brouhaha des rues des quartiers animés. Certains en ont fait leur tanière. Ce sont les « réfugiés du Net » : des jeunes de 20 à 30 ans qui naviguent d’un petit boulot à l’autre et ne gagnent pas assez pour se payer un logement ou une chambre d’hôtel. Dans les cafés Internet, ils peuvent passer six heures pour 1 500 yens (9 euros) ou moins dans les quartiers périphériques. La plupart des grands établissements disposent d’une centaine de box.

Minuit passé. Devant la machine à boissons chaudes, il attend que son gobelet se remplisse. La trentaine, jeans et tee-shirt bleu, les cheveux en broussaille. « Cool » comme des milliers de ses congénères croisés auparavant dans les rues du quartier branché de Shibuya à Tokyo. « Vous, vous cherchez un nouveau pauvre ?, dit-il, avec un sourire amer. Bingo ! Vous l’avez. Trente ans, une vingtaine de boulots sans lendemain. Depuis trois mois, je vis ici avec un petit sac et des sous-vêtements jetables. Je suis un «one call worker» : enregistré auprès d’une agence de placement qui m’appelle sur mon portable quand il y a un boulot. Dans les 1 000 yens de l’heure. Je dépense 1 500 yens pour ma nuit. Je mange dans des McDo. Humiliant, non ? Le gouvernement parle de «seconde chance» pour les perdants comme moi, poursuit le jeune homme. Mais y en a marre : on ne quémande pas une chance, un coup de bol. On veut une vie décente, c’est tout. Mon nom ? Je suis personne dans cette socié té. » Dans le gobelet, le café refroidit. Il le prend, puis, sur un « Salut ! », part vers son box.

Les cafés Internet offrent un condensé de la société japonaise contemporaine : prospère, lisse et efficace en surface, mais parcourue d’ondes souterraines dénotant malaise et dysfonctionnements. Dans les cafés Internet les plus modernes, ceux des quartiers animés, l’accueil est digne d’un hôtel. Atmosphère feutrée et services multiples. Fondus parmi les clients - car rien dans leur apparence ne les distingue vraiment - se nichent les jeunes paumés.

Après une décennie de récession, la machine productive nippone est repartie, mais elle laisse sur le carreau nombre de jeunes. Ce sont des « freeters » (mot composé de l’anglais free et de l’allemand arbeiter, désignant ici ceux qui font des petits boulots, c’est-à-dire des jeunes en situation précaire). Ayant grandi dans le Japon de la « bulle financière » de la fin des années 1980, ils sont arrivés sur le marché du travail à la fin de la « période glaciaire » de la récession, quand les entreprises soucieuses de réduire les coûts ont sabré dans l’emploi permanent pour privilégier le travail temporaire. Ils forment ce que le quotidien Asahi a baptisé la « génération perdue ».

Le gouvernement estime à 1,8 million le nombre des freeters, filles et garçons. Si, au début de la décennie, on a pu voir en eux l’expression des valeurs individualistes d’une génération plus orientée vers des satisfactions personnelles que ses parents dévoués à l’ entreprise, beaucoup ont découvert que leur situation est moins synonyme de liberté que de précarité.

Aux largués de la reprise, freeters et jeunes désargentés arrivés de la campagne qui n’ont pas de quoi payer un loyer et encore moins les trois mois d’avance pour obtenir un logement s’ajoutent ceux que des sociologues anglais ont baptisés « neet » (Not in Education, Employment or Training). Ils ne sont pas étudiants ni en formation : ils dérivent. D’entrée de jeu, ils ont baissé les bras. Pour la plupart, ce sont des adolescents introvertis qui refusaient d’aller à l’école (phénomène préoccupant dans l’Archipel depuis une décennie). Adultes, ils restent refermés sur eux-mêmes. Ils seraient 800 000.

Les neet sont un symptôme du malaise d’une société devenue férocement compétitive, qui condamne leur inadaptation, la mettant au compte de la fainéantise. Un message qu’ils reçoivent comme une négation de leur droit à l’existence. Les neet forment une bonne partie des jeunes qui se suicident. Comme eux, beaucoup de freeters ont le sentiment d’être pris dans une nasse.

Les quelque deux mille cafés Internet que compte le Japon sont moins chers qu’un sauna ouvert toute la nuit ou que les « hôtels capsules », aux couchettes superposées comme dans un wagon-lit. Et les boissons sont gratuites. La nuit, les plus grands sont pleins.

Outre la faune des habitués (10 % selon les employés), qui viennent pour quelques semaines, voire quelques mois, on y côtoie des salariés qui ont raté le dernier train. Ils ronflent les pieds sur la tablette de l’ordinateur dans les fauteuils inclinables des petits box de 2 m2, où l’on se déchausse avant d’entrer. Çà et là, dans les compartiments à deux, des couples profitent de la pénombre complice pour se caresser discrètement. Certains sont des lycéens qui ont raconté à leurs parents qu’ils dormaient chez un copain ou une copine. Devant d’autres box sont posées des chaussures à talons hauts : des filles de la nuit (hôtesses de bar et autres) qui attendent les premiers métros. Au petit matin, tout ce petit monde s’ébroue vers les douches de l’établissement. Certains ont même une salle de sport.

Les réfugiés du Net sont l’une des facettes de la nouvelle pauvreté nippone, fille d’une inégalité croissance entre ceux qui ont un travail fixe et les autres. Une disparité qui passe désormais par un clivage entre générations.

Philippe Pons
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Message par Shaolan Jeu 24 Jan - 17:28

Si vous cherchez un anime qui se rapproche de ce malheureux fait de société, je vous conseille NHK ni yōkoso!

C'est un mélange d'hikikomori et de neet ! Le début est marrant mais la suite est un peu triste.

http://fr.wikipedia.org/wiki/NHK_ni_y%C5%8Dkoso!

Qui ne s'est jamais senti seul et incompris dans la société où il vit ? Pas moi en tout cas, quand on voit "l'évolution" de la Belgique, le Japon viendra bientôt à nous mais pas sous son meilleur jour.
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Message par Tralala Jeu 28 Fév - 2:58

J'avais lu un autre article concernant ce sujet mais pas de manière aussi détaillée...

Le Japon n'est pas le pays number one des suicides des 15-25 ans pour rien.
Quand on voit ces gosses laissés sur le carreau au nom du Dieu libéral, s'en est à en avoir la frousse pour ce qui va arriver plus tard dans notre vieille europe...

Sachant que le Japon avec les States sont les premiers à nous sortir des nouveaux faits sociologiques et problèmes mentaux encore non-recensés, on risque fort de découvrir ce genre de chose dans même pas 5 ans.
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Message par Oresama Jeu 28 Fév - 8:10

c'est une des mauvaises facettes de ce pays, obsédé par la productivité et le rendement! et on peut le dire même sans avoir lu l'article, on Japon, c'est marche ou crève :s
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Message par Passerelle Japon Jeu 28 Fév - 15:08

N'empêche, libéral mais renfermé sur lui même... Lorsque ce sera la guerre entre l'Europe des 54 et les US, le Japon sera tranquille dans son coin. Pas si libéral que ça en fait
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Message par Tralala Jeu 28 Fév - 17:02

Sure ils ont toujours été autarciques depuis des siècles surtout depuis le XVIIème avec l'arrivée des portugais et des hollandais (ils se sont repliés et durcis leurs frontières afin de ne pas se faire coloniser ^^).

Mais le truc est qu'apparemment, depuis les années 80 ils importent autant qu'ils n'exportent...
Ils deviennent de moins en moins rigides concernant les frontières j'ai l'impression.
Un peu comme si à présent ils voulaient s'ouvrir au monde , aux autres cultures et des commercer davantage.

On peut le voir avec beaucoup d'artistes japonais (notamment) qui font dans de plus en plus dans l'art "européanisé" (Rock, Goth, Electro industrielle ou minimale, style vestimentaire) en gardant une touche culturelle qui leur sont propres.

Le fait qu'il y ait tant d'adeptes du japon aujourd'hui n'est pas anodins à mon avis, témoignant tout de même que le japon n'est plus ce pays fermé qu'il y a à peine 30-40 ans...

Ceci n'est que pure supposition ^^
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Message par Oresama Jeu 28 Fév - 21:43

c'est surtout que les touristes étrangers participent à l'économie à l'intérieur même du pays et l'exportation permet un plus grand rendement également! ils s'en sont juste rendu compte ;)
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Message par Passerelle Japon Jeu 28 Fév - 22:15

N'empêche qu'ils n'ont pas besoin de faire de coalition économique pour contrer les chinois, l'Europe et les USA (enfin pas encore)
et puis pas vraiment bcp de problème d'imigration là bas, alors qu'ici ça commence sérieusement à poser problème avec l'Europe (je parle pas de rascisme ici)
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